Je suis née le 7 mai 1952 à Paris, dans une famille anti-colonialiste. Mes parents étaient avocats du FLN durant la guerre d’Algérie: découvrir ce pays au lendemain de son indépendance a éveillé ma curiosité pour le vaste monde. Le journalisme n’a fait que la prolonger.
La mort de mon père en 1966 (dans un accident de voiture en Algérie) a marqué une césure. Après des études de littérature française à Paris et Aix-en-Provence, j’ai été enseignante. Mais l’engagement politique à l’extrême gauche, notamment dans le mouvement féministe, était le vrai centre de ma vie.
À partir de 1980 j’ai publié des enquêtes dans le Monde Dimanche, premier supplément hebdomadaire du quotidien tourné vers les „sujets de société“ et ouvert à des signatures extérieures à la rédaction.
En 1983 je suis devenue pigiste à Alger pour Radio France International (RFI), le quotidien français Libération et le bureau parisien de l’agence Associated Press. Mais j’ai été forcée de quitter le pays en novembre 1986, après des émeutes dans l’Est algérien.
Depuis, j’ai combiné l’existence nomade d’une correspondante de presse avec les exigences d’une vie familiale.
D’abord à Vienne, pour RFI et Libération, à un moment crucial de l’Histoire: durant les „années Waldheim“, quand l’Autriche se confrontait enfin à son passé nazi, et lorsque le système soviétique en Europe de l’Est s’est écroulé.
Ensuite j’ai vécu à Lagos, à une époque où les problèmes de sécurité n’étaient pas aussi aigus qu’aujourd’hui. Puis à Tripoli, où les autorités libyennes ne m’ont pas permis de travailler pour la presse mais où j’ai continué à écrire. Les Ombres de Ghadamès, en particulier, est un roman destiné à un jeune public, inspiré par la stricte séparation entre hommes et femmes qui y était la norme dans cette ville du Sahara. Il a été traduit aux États-Unis.
J’ai aussi rédigé pour Reporters sans frontières une brochure (traduite également en anglais) sur le rôle des journalistes persécutés par la dictature militaire nigériane: quatre d’entre eux avaient été condamnés à de lourdes peines de prison pour des activités relevant de la libre opinion.
C’est dans la Libye du colonel Kadhafi que j’ai connu Lutz et Susi Kayser, les protagonistes de Projet Wotan.
De retour à Vienne fin 1999, j’ai continué à travailler pour le quotidien Le Monde – en tout j’y aurai passé 25 ans -, lorsque les projecteurs se sont soudain braqués sur l’Autriche, premier pays de l’Union européenne à faire entrer au gouvernement un parti d’extrême droite, héritier du nazisme. Le programme nucléaire iranien, bien plus étendu que ce qui avait été admis par Téhéran, fut l’autre centre d’intérêt, le siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique étant à Vienne. En parallèle je publiais régulièrement des commentaires dans le quotidien viennois de centre gauche Der Standard.
Après ce fut le Mexique, aussi passionnant que l’avait été le Nigeria, quoique bien différent. La crise politique déclenchée par l’élection présidentielle de 2006, la rébellion d’Oaxaca dans le sud du pays, la guerre contre et entre les cartels du crime organisé, enfin l’affaire Florence Cassez, cette Française injustement emprisonnée pour des kidnappings, m’ont beaucoup occupée.
De fin 2009 à fin 2015 j’ai été basée à Vienne, d’où je couvrais la Hongrie „illibérale“ de Viktor Orban. Durant l’année 2016 j’ai vécu aux Pays-Bas, où j’effectuais des reportages pour le magazine du Monde.
Depuis novembre 2018, je tiens un blog hébergé par Mediapart.